L’ISO9001 dans sa nouvelle version 2008, et l’ISO9004 dans sa future version.
Le fameux référentiel ISO9001 « 2000 » a été modifié en 2008.
Quels changements ? Quels impacts pour les systèmes de management de la qualité en place ? et à quoi s’attendre dans le futur proche ?…
Pourquoi ce changement ?
L’organisme ISO, après enquête auprès des utilisateurs du monde entier, a fait le choix d’un amendement (modifications mineures), et non d’une révision (comme celle qu’on a connu en 2000), pour permettre aux entreprises de continuer à prendre en compte l’ISO9001 sous sa forme actuelle avant d’intégrer de nouvelles exigences.
Deux objectifs ont été poursuivis par ISO et son comité technique TC176 en charge des normes de la famille ISO9000 :
1) améliorer la compréhension de l’ISO9001, et donc lever des ambiguïtés et des interprétations
2) améliorer la compatibilité de l’ISO9001 avec l’ISO14001 (système de management environnemental), notamment pour en faire coïncider les évolutions et pour en rechercher une meilleure harmonisation.
Quels en seront les impacts ?
Il n’y a donc pas, dans cette nouvelle version ISO9001:2008, d’exigences supplémentaires, mais seulement un bon nombre de clarifications intéressantes.
La phase de transition pour les entreprises certifiées est d’ailleurs courte, et presque « transparente » (rien ne changera au cours des audits) : au 15 novembre 2010, les certificats ISO9001:2000 ne seront plus valides. Les nouveaux certificats ISO9001:2008 seront émis lors des audits de renouvellement ou lors des audits de suivi.
Les changements portent sur quoi ?
Dans les chapitres introductifs, la norme insiste sur :
– la prise en compte nécessaire des « exigences légales et règlementaires » applicables aux produits
– l’usage recommandé de l’ISO9004 en vue « de la réussite durable de l’organisme »
– l’adoption de l’approche processus « en vue d’obtenir le résultat souhaité »
Dans le chapitre 4 (exigences générales), la norme apporte, par le moyen de notes ajoutées ou complétées, des clarifications sur les processus externalisés et sur les documents.
Par exemple : ISO9001 exige d’établir 6 « procédures documentées« . Une note précise qu’un seul document établi peut contenir les exigences relatives à plusieurs procédures (ce qui enlève toute interprétation rigoriste à des auditeurs exigeants de voir 6 documents différents pour ces 6 procédures – tant mieux, notamment pour les toutes petites structures !…).
Dans le chapitre 5 (Responsabilités de la direction), pas de changement sauf pour le représentant de la Direction : il doit être un « membre de l’encadrement« .
Les petites structures font souvent appel à des consultants pour animer le système de management de la qualité. Ça ne doit pas dégager le dirigeant de sa responsabilité sur le système qualité. Un membre de la structure, ou le dirigeant lui-même, doit avoir toute responsabilité et autorité pour s’assurer que le système est mis en œuvre et entretenu. Ce qui n’empêchera pas de faire apparaître dans l’organigramme une liaison entre ce représentant et le consultant qui anime le système.
Dans le chapitre 6 (management des ressources), la nouvelle norme précise que les formations sont menées afin « d’acquérir les compétences nécessaires“ et non plus pour « satisfaire ces besoins »
Dans le chapitre 7 (réalisation du produit), je note particulièrement deux points intéressants parmi les quelques points clarifiés :
– en conception, une note ajoutée permet d’éviter des interprétations divergentes : Revue, Vérification et Validation ont des objectifs distincts, et peuvent être réalisées et enregistrées séparément ou être combinées de façon adaptée.
– les dispositifs de surveillance et de mesure deviennent « les équipements de surveillance et de mesure » : c’est plus clair pour savoir sur quoi doit porter les exigences d’étalonnage et/ou de surveillance.
Dans le chapitre 8 (mesure, analyse et amélioration), quelques précisions sont apportées, notamment pour la satisfaction client : une note ajoutée donne des pistes pour la surveillance de la perception du client – il n’y a pas que les enquêtes de satisfaction pour nous renseigner sur la perception de nos clients…
Et l’ISO9004 ?
Partant des constats suivants :
– l’ISO9004 est peu connue, lue et utilisée,
– L’ISO004 ne répond pas aux besoins actuels des démarches devenues plus globales : QSE (qualité / sécurité / environnement), RSE (responsabilité sociale et sociétale des entreprises), management des risques,…
le comité TC176 de ISO a fait le choix de la rupture !
Une refonte complète de l’ISO9004 est en cours de préparation et devrait être validée au cours de cette année 2009.
Outre l’intérêt de ces lignes directrices qui aident à la mise en œuvre d’un système de management par la qualité, il sera important de s’y intéresser car cette nouvelle version de l’ISO9004 préfigure les changements futurs attendus pour l’ISO9001 (vers 2012 ?…)
Le titre d’abord :
« Management des performances durables d’un organisme – approche de management par la qualité »
« Managing for the sustained success of an organization – a quality management approach »
La structure ensuite :
§4 – Management des performances durables (prise en compte de l’environnement de l’entreprise, de toutes les parties intéressées et de leurs besoins et attentes…)
§5 – Elaboration, planification et déploiement de la stratégie et de la politique (avec une communication « sincère, transparente et continue« …)
§6 – Management des ressources (tant financières qu’humaines, les fournisseurs et partenaires, la connaissance, et aussi les ressources naturelles…)
§7 – Management de processus
§8 – Surveillance, mesure, analyse et revue (y compris les autoévaluations et le benchmarking…)
§9 – Amélioration, innovation et apprentissage
Des évolutions, à n’en pas douter, passionnantes à prendre en compte pour redonner du sens dans ce monde économique si perturbé….